Sérotonine

Michel Houellebecq ★★★★★

It’s hard to put a finger on this book. The narrator, as usual when it comes to a Houellebecq novel, is a nauseating and financially well-off forty-something who has escaped from a toxic relationship and is reflecting on his life and his experience with past girlfriends. While some other events do take place in the book, the storyline is basically summarised by the previous sentence to a 90% precision.

So, if you enjoy this book it won’t really be for the story, nor for sympathizing with the repulsive protagonist. But it might be because of the meticulous description of totally random areas of life and the very frequent and precise passages about depression, loneliness and the inevitable passing of time.

I really like Houellebecq’s prose - his dry, objective style, without much ornamentation, interestingly still has some poetic vibe somehow.


mon seul projet avait été de me libérer d’une relation toxique qui était en train de me tuer, mon projet de disparition volontaire avait pleinement réussi, et maintenant j’en étais là, homme occidental dans le milieu de son âge, à l’abri du besoin pour quelques années, sans proches ni amis, dénué de projets personnels comme d’intérêts véritables, profondément déçu par sa vie professionnelle antérieure, ayant connu sur le plan sentimental des expériences variées mais qui avaient eu pour point commun de s’interrompre, dénué au fond de raisons de vivre comme de raisons de mourir.

Le matin du 1er janvier se leva, comme tous les matins du monde, sur nos existences problématiques.

ma vie professionnelle pour ma part je m’en foutais complètement, je ne crois pas y avoir pensé plus d’une demi-minute, il me paraissait invraisemblable qu’on s’intéresse sérieusement à autre chose qu’aux filles

je n’avais depuis l’origine que dégoût pour le commerce et tout ce qui s’y apparente, l’idée de « hautes études commerciales » était à mes yeux une profanation de la notion même d’études,

J’avais préparé ma valise dès la veille, je n’avais plus rien à faire avant mon départ. Il était un peu triste de constater que je n’avais aucun souvenir personnel à emmener : aucune lettre, aucune photo ni même aucun livre, tout cela tenait sur mon Macbook Air, un mince parallélépipède d’aluminium brossé, mon passé pesait 1100 grammes.

on évite de revoir ses amis de jeunesse pour éviter d’être confronté aux témoins de ses espérances déçues,

Après la vente de son loft, compte tenu des prix du marché, elle se retrouverait avec trois fois plus d’argent que moi. Ainsi, une seule opération immobilière avait suffi à son père à gagner largement davantage que ce que le mien avait mis quarante ans à péniblement amasser, à force de rédaction d’actes authentiques et d’enregistrement d’hypothèques, l’argent n’avait jamais récompensé le travail, ça n’avait strictement rien à voir, aucune société humaine n’avait jamais été construite sur la rémunération du travail, et même la société communiste future n’était pas censée reposer sur ces bases, le principe de la répartition des richesses était réduit par Marx à cette formule parfaitement creuse : « À chacun selon ses besoins », source de chicaneries et d’ergotages sans fin si par malheur on avait tenté de la mettre en pratique, heureusement cela ne s’était jamais produit, dans les pays communistes pas davantage que dans les autres, l’argent allait à l’argent et accompagnait le pouvoir, tel était le dernier mot de l’organisation sociale.